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Traumacoma
30 mars 2012

Insomnies

 Sa douleur vint le chercher dans son sommeil et le ramena à la réalité, le réveillant en sursaut.  Il ne saurait dire ce qui le rendait si mal… Il savait juste qu’il souffrait là, quelque part, au plus profond de lui, sans arriver à mettre le doigt sur ce point lancinant…

Il préféra presque les cauchemars auxquels il a été la proie quelques secondes plus tôt. 

Il avait rêvé d’éclairs déchirant le ciel, de chiens affamés errants et de serpents se mouvant devant son regard agrandi par l’angoisse. Il rêvait aussi de femmes belles et impudiques se transformant à la fin en hyènes, en monstres aux visages affreux. Ce n’est rien ça. Il avait appris à vivre avec. Ses rêves se ressemblaient sans se ressembler…

Ils repassaient chaque nuit en boucle, livrant son âme à l’impuissance, et à l’angoisse. Celle d’avoir les mains liées.

Avant chaque réveil, il croyait suffoquer criant ce que ses lèvres ne réussissaient à formuler. Qu’il était frustrant de vociférer sa peur à des gens qui passent devant lui indifférents… Le voyaient-ils seulement ? Leurs regards passaient sur lui sans s’arrêter, comme s’il était transparent. Il n’existait pas pour eux dans son rêve, comme ils n’existaient pas dans sa réalité à lui, en dehors des rêves qu’ils animaient …

Ces gens représentaient le monde ?

Un monde qu’il ne côtoie plus ou qu’il n’a plus envie de côtoyer ?

Ils représentaient sa peur. Peur animale, peur sans visage.

Non, ils ne représentaient rien.

Il chassa ses pensées avec humeur. Il faudrait peut-être qu’il arrête de se conduire en enfant stupide. Les rêves ne sont que des rêves, inutile de chercher plus loin :

Tout ceci n’est que le produit de sa journée animée et chargée d’événements quasi-incontrôlables. Il finissait toujours par avoir le dessus bien sure. Sublime onde de satisfaction… Il aimait ce qu’il faisait, et il excellait dans ce qu’il faisait.

Pourtant, ces rêves lui laissent toujours cette sensation désagréable, sensation d’avoir raté quelque chose ; ne pas avoir su faire, ne pas avoir su saisir quelque chose qui martelait sa vérité même en dehors de ces murs fantasques…

Une forme remua à coté de lui, dans son lit et interrompit le flux de ses pensées.

Dans la pénombre, il entrevit une forme féminine dénudée, et se rappela tout à coup qu’il n’était pas seul…

« Quel meilleur moyen d’oublier ses idées noires et incohérentes que de se noyer dans le plaisir de la chair… », se dit-il avant de s’abattre sur son amante à moitié réveillée. 

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