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Traumacoma
7 février 2012

Mon enfer

Mon enfer.

Je regardais devant moi, et mon enfer était là, face à moi. Il avait un regard où luisait une sensibilité azure. Mon enfer avait des cheveux châtains clairs, des traits fins et réguliers où on sentait pourtant le poids de toute une vie. Mon enfer que j’avais essayé de rattacher à la vie. Mon enfer qui ne me croyait jamais quand je dévoilais mes sentiments, et qui me serrait contre lui dans une possession douloureuse lorsqu’il avait envie de me croire. Y arrivait-il seulement ? J’étais coupable de je-ne-sais-quoi, coupable de ce que mes précédentes avaient fait surtout. Coupable qu’il ne s’entende avec sa famille, coupable qu’il n’aime personne d’autre que moi. Coupable de rester alors qu’il était parfois ignoble, et parfois si doux quand la culpabilité commençait à le tirailler. Il était beau mon enfer à moi, il avait une belle âme que les vers du mal avaient rongé jusqu’à ce qu’il ne distingue plus l’amour de la haine. Il était rongé, mais il demeurait récupérable pour moi, car je le comprenais même lorsqu’il ne se comprenait pas lui-même. Je comprenais sa blessure et essayais au mieux de combler le vide en lui. Mais comment combler un cratère déformant une plaie qu’un rien suffisait à ouvrir ? J’essayais, je ne sais d’où me venait cette force. Je ne m’étais même pas posé des questions : valait-il la peine ? L’aimais-je assez ? Je puisais en moi cette force et me disais qu’elle était là, et donc que je l’aimais. Il était le seul à en douter, visiblement. Mon enfer avait un beau sourire. Il s’étirait, large lorsqu’une phrase ironique franchissait mes lèvres. Il se félicitait de ce que mon cynisme perspicace soit toujours là, c’est ce qui l’avait attiré en premier chez moi. Mon cynisme n’était jamais dirigé contre lui. J’aurais pu le démolir d’une seule phrase, mais il avait déjà assez de fardeaux à porter. Même si lui, ne se privait jamais pour me lancer de ces phrases venimeuses qui me tiendraient éveillée toute une nuit... Je ripostais bien sure, car il n’était pas question que la soumission fasse partie de ce qu’on partageait. Mais, mes claques s’accompagnaient toujours d’une cuillérée de miel, car je savais sa vulnérabilité. Je l’épargnais, et ça le rendait encore plus fou. Et ainsi, quoi que je fasse, rien n’était assez bien. Nous étions déjà condamnés. Lui dans son attitude d’éternelle victime, et moi dans celui de la traitresse. Je l’épargnais, car je savais l’impact des mots, la morsure qu’ils peuvent laisser longtemps après, parce que, justement, la personne qui se rabaisse à cela est une personne chère. Il croyait que je pouvais tout endurer, ses bouderies, ses sarcasmes, ses mauvaises humeurs, ses doutes. Mais. L’amour n’est peut-être qu’un investissement ?  On n’endure les épreuves que si on sait que cela portera ses fruits. Or, avec lui, les tortures n’en finissaient plus. Et moi ? Moi, le masochisme ne m’a jamais emballée. Aussi, la peau de la victime-martyre ne me sied pas du tout. Ma patience a fini par se barrer, et avec elle tous les sentiments que je pouvais éprouver pour lui. J’en étais sûre à présent. Ça s’était confirmé en l’attendant à la gare et en le voyant débouler de nul-part. Il était là, devant moi, s’excusant de son retard…

Tout était en retard. Notre entente. La patience. Et l’amour. Je n’avais qu’une seule hâte : en finir. Je ne savais pas comment, mais une fois ma décision prise, rien ne pouvait me faire changer d’avis. Après ça ? Culpabilité sans nom. Délivrance sans nom.

 

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