Le monstre et la bête

Le monstre fouilla de ses doigts dans la plaie purulente...
De son côté, la bête ne veut pas crever. La bête ne veut pas partir, agonise mais ne veut pas partir seule, des choses vont l'accompagner...
Il y a des douleurs salutaires, des douleurs par où on doit passer, avec patience, presque avec joie, parce qu'on sait qu'au bout, nous attend l'oubli...
Non, pas l'oubli mais tout simplement la résignation.
Non, pas la résignation, mais juste une sorte de lucidité courageuse.
On dit qu'au bout du tunnel, il y a lumière. Balivernes.
Après certains tunnels, d'autres tunnels, suivis d'autres tunnels, à n'en plus finir...
Suivis d'une passerelle, le répit. Après ce répit, peut être douce torpeur, doux crépuscule, douce aurore...
Sursaut de condamné.
Un râle. Sourd et silencieux.
La bête continue à remuer, de tous ses membres, et chaque mouvement arrache un un cri muet, car le silence est complice...
Le monstre noue ses bras broyeurs autour de sa proie sanguinolente. La bête ne pense plus à ses entrailles retournées, subit son juste châtiment et se tait. L'agonie, l'agonie... Valse avec la mort; viol funèbre.
Mais son œil ne veut pas se refermer et veille toujours ...