Histoire sans début ni fin

… « Je suis innocente », murmurait-elle d’une voix inaudible.

Ses lèvres desséchées remuèrent faiblement : « je suis innocente, je vous dis » …

Ces quelques mots remontaient de loin, du fond d’un cœur agité, et bousculèrent le silence de la petite cellule sombre où la jeune femme se trouvait depuis un moment indéterminé. Des jours ? Juste quelques  heures ? Ou alors des mois ? … Nul ne saurait le dire.

            Assise à même le sol, ses doigts fébriles n’arrêtèrent de dessiner des arabesques invisibles sur le sol poussiéreux. Elle promena un regard sur ce dernier, puis sur les murs nus qui t’entouraient, et une sorte de dégout nauséeux froissa encore plus les rides sur son front que l’inquiétude éternellement nocturne creusait monstrueusement…

            Des bruits de pas… Serrure qui grince… Porte s’ouvrant lourdement avec paresse et fracas…

La jeune femme se leva à la hâte, comme pour ne pas être prise en faute. Ses mains se joignirent dans un geste las et impuissant comme si elles avaient toujours été prisonnières d’un lien invisible…

Si le corps était aussi las par l’attente de quelque chose d’inconnu, et qui ne venait pas,  ses jambes la soutenaient et mettaient un point d’honneur à ne pas fléchir, comme si la vie de la jeune femme en dépendait. Son visage restait impassible, le regard interrogateur, s’attendant au pire…

Une ombre se profila grossièrement dans l’embrassure de la porte, laissant filtrer un flot de lumière outrageusement aveuglante…

« Suivez-moi.  », dit une voix sans ménagement.